Pari difficile que de faire revivre en fiction un événement aussi sombre et complexe de l'histoire récente de la France, soubresaut des pratiques de guerre coloniale qui rappelle les exactions des bérets verts en Algérie.
Prendre unilatéralement le parti des indépendantistes aurait été manichéen, ne pas dénoncer le cynisme des politiques – faisant de l'affaire d'Ouvéa un objet de manoeuvres électorales – aussi bien que la violence absurde des militaires aurait été contraire à toutes les enquêtes sérieuses menées depuis.
L'entreprise était périlleuse et Mathieu Kassovitz la mène à bien avec une maîtrise et une intelligence remarquables, centrant le récit autour du personnage de Philippe Legorjus (qu'il interprète lui-même), commandant en chef du GIGN, en charge des négociations avec les preneurs d'otages.
Un représentant des autorités françaises certes, mais surtout un homme qui a foi dans les valeurs de la République française, et en sa parole.
Et le film, du coup, au-delà de l'affaire d'Ouvéa, devient un vibrant plaidoyer pour l'éthique républicaine face à la raison d'état et ses turpitudes, évoquant en miroir un autre grand film de cette fin d'année, L'Exercice de l'état.
À l'approche du référendum d'autodétermination de la Nouvelle Calédonie prévu en 2014, Mathieu Kassovitz revient magnifiquement sur une page d'histoire trop vite oubliée.
En 1988, « l'ordre et la morale » invoqués par le sinistre ministre Bernard Pons justifiaient le massacre.
Manuel
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