Bien qu’il s’agisse d’une commande, Drive est un pur film de Nicolas Winding Refn qui impose avec une aisance incroyable sa vision (et celle du scénariste Hossein Amini), celle d’un pur auteur qui se penche sur le concept même de la série B pour le tordre et en sortir un monument.
NWR est de ces cinéastes qui possèdent une véritable identité visuelle tout en révolutionnant complètement leur univers à chaque film.
Un style visuel extrêmement marqué que certains n’hésiteront pas à qualifier, facilement, de pause, mais un style qui s’impose naturellement.
Il faut voir la mise en place de Drive pour bien comprendre.
L’ouverture est un modèle propulsant le film dans une stratosphère immédiate.
Un héros mutique, une nuit, des braqueurs, une bagnole, et c’est tout.
On comprend vite qu’on ne sera pas devant une débauche d’énergie mais dans un film d’ambiance ponctué de fulgurances.
Le mélange est absolument sidérant et fonctionne à plein régime, avec de nombreuses variations de rythme qui relancent sans cesse la narration. Ainsi le thriller atmosphérique global vire parfois vers la romance, simple et naturelle, vers le film d’action, avec deux courses-poursuites fabuleuses et jamais vues, et même vers le gore frontal lors d’exécutions surprenantes.
Drive brasse les genres et impose à la fois son efficacité imparable, par la puissance évocatrice de sa mise en scène, mais également une poésie mélancolique qu’on n’attendait pas vraiment là.
Drive est une perversion totale du projet originel, Nicolas Winding Refn utilisant le véhicule de la série B « grand public » en apparence bourrine mais pour livrer complètement autre chose.
Et c’est en cela qu’il devient un film majeur accédant à ce quelque chose que des films cherchent pendant de longues années, le culte immédiat.
NWR est un artiste excessivement généreux et Drive en est la preuve irréfutable, mais les réflexions qu’il lance sans rien montrer, sur la solitude, l’honneur, la peur ou la folie, sont autant de démonstrations qu’il n’est pas qu’un simple et habile formaliste, mais surtout un grand réalisateur.
Appuyé par son casting en or massif, surmonté par le décidément très surprenant Ryan Gosling, NWR déploie dans Drive des trésors de mise en scène pour aboutir sur son film le plus léché formellement. La photographie y est pour beaucoup dans cette réussite tant un décor urbain et nocturne semble n’avoir que rarement été aussi bien filmé et mis en valeur.
C’est quand il se rapproche de ses personnages que NWR nous scotche littéralement.
Jamais approximatif, il parvient à chaque fois à trouver le cadre parfait, qu’il cite ouvertement les couloirs de Kubrick ou qu’il aborde frontalement la brutalité la plus graphique. Il impose par ses influences parfaitement digérées sa propre vision de ce que doit être une série B aujourd’hui, conjugue une multitude de talents et accède à de véritables moments de grâce cinématographique, à l’image de la scène de baiser dans l’ascenseur, stupéfiante de poésie purement visuelle ou encore cette escapade en bagnole qui apaise les décors ayant servi à la course-poursuite en camion de Terminator 2.
**
Pas mal, oui.
Néanmoins, il manque un je-ne-sais-quoi...
Pas mal, oui.
Néanmoins, il manque un je-ne-sais-quoi...
Manuel
#854
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