jueves, agosto 16, 2007

Una juventud capeando el temporal

Seis de cada 10 jóvenes trabajadores son temporales en España, el doble de la media de la OCDE

ANDREA RIZZI - Madrid

Antonio Fuentes todavía no ha cumplido 21 años, lleva menos de cuatro trabajando y ya ha tenido ocho empleos y firmado tantos contratos temporales como para perder la cuenta.
El relato de su vida laboral desde que dejó los estudios a los 17 es un fragmentadísimo mosaico hecho de "contratos de formación, de sustitución, de obra y servicio, por periodos de tres meses, un mes, una semana y hasta de dos días", recuerda el joven madrileño. Antonio ha trabajado en supermercados, teleoperadoras, tiendas, asesorías fiscales, instituciones culturales. En su relato, a cada esperanza de futuro estable corresponde una decepción.


L’Espagne championne de la précarité des jeunes

Six jeunes salariés sur dix ont un emploi temporaire.

Selon l’OCDE, c’est parce que les contrats à durée indéterminée sont trop rigides.
Antonio Fuentes, qui aura bientôt 21 ans, travaille depuis moins de quatre ans. Il a déjà exercé huit emplois et a signé un nombre incalculable de contrats temporaires [intérim ou CDD]. Sa vie active depuis qu’il a abandonné ses études, à 17 ans, est une véritable mosaïque de “contrats de formation, de remplacements et de missions, pour des périodes de trois mois, d’un mois, d’une semaine et même de deux jours seulement”, raconte ce jeune Madrilène. Antonio a travaillé dans des supermarchés, des centres d’appels, des boutiques, pour des conseillers fiscaux ou des institutions culturelles. Chaque fois, ses espoirs de stabilité ont été déçus.

Des mesures ponctuelles qui ont un coût important


Les fragments de la mosaïque sont minuscules : Antonio n’a jamais signé pour plus de six mois ou pour un salaire mensuel supérieur à 800 euros. Et le plus triste, dans l’histoire, c’est que cela n’étonne pas grand monde.
Car en Espagne, 60 % des actifs de 16 à 24 ans ont un emploi temporaire, contre seulement 30 % en moyenne dans l’ensemble des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Sur les 30 membres de l’organisation, seule la Pologne affiche une proportion de travail temporaire supérieure à celle de l’Espagne. C’est le chiffre le plus frappant de l’étude publiée récemment par l’OCDE sur l’emploi des jeunes en Espagne. Selon le rapport, l’horizon s’éclaircit, mais le gros nuage noir de la précarité demeure. Un problème qui, selon l’OCDE, s’explique surtout par les défaillances du système éducatif, trop éloigné du marché du travail, et par des disparités excessives entre la protection dont bénéficient les travailleurs en CDI et ceux en CDD.

“Six millions d’emplois ont été créés en Espagne ces dix dernières années, et la baisse du chômage des jeunes a été la plus spectaculaire de toute l’OCDE”
, concède Glenda Quintini, l’auteure principale de l’étude. A l’instar d’Antonio, beaucoup de jeunes sont entrés sur le marché du travail et le taux d’emploi des jeunes Espagnols dépasse déjà la moyenne de l’OCDE. Mais, malgré l’augmentation du nombre de postes, beaucoup de jeunes, comme Antonio, ne parviennent pas à sortir de la précarité.

“Dans ce scénario d’amélioration générale, on ne s’est pas attaqué de façon structurelle au problème du travail temporaire, poursuit Glenda Quintini. Le gouvernement espagnol actuel a pris des mesures qui donnent des résultats, mais ce sont des mesures ponctuelles qui ne s’attaquent pas au cœur du problème et qui ont un coût élevé.” En l’occurrence, 0,2 % du PIB, selon les estimations de l’OCDE, qui juge que les bonnes performances de l’économie ne suffiront pas à résorber la précarité.

Les “mesures ponctuelles” évoquées par le rapport s’inscrivent dans la réforme du marché du travail lancée par le gouvernement en 2006, qui prévoit des incitations aux embauches en CDI. “Bien sûr, ce ne sont pas des mesures à caractère permanent, mais cela ne les discrédite pas pour autant, car elles donnent actuellement des résultats plutôt positifs”, estime Antonio González, secrétaire général à l’emploi au ministère du Travail. Pour preuve, l’Espagne comptait au premier trimestre 2007 644 000 salariés en CDI de plus que sur la même période de 2006 – et 19 000 en CDD de moins. “Et le taux d’emploi temporaire chez les jeunes est passé de 66 % en 2006 à 60 % aujourd’hui”, souligne Pilar Duce, secrétaire chargée de la jeunesse au syndicat UGT. Pour elle, la réforme, “fruit du dialogue entre le gouvernement et les partenaires sociaux”, va dans le bon sens, en augmentant également le nombre d’inspecteurs chargés de détecter les abus.

Le taux d’emplois précaires le plus élevé de l’OCDE

Toutefois, malgré ces avancées, le taux de travail temporaire global n’a fait que retrouver son niveau du premier trimestre 2005, soit environ 32 %, le chiffre le plus élevé de l’OCDE. “La précarité reste un problème, c’est une évidence, mais la dynamique est positive, soutient Antonio González. On crée plus d’emplois en Espagne que dans les autres pays européens, le chômage de longue durée y est inférieur et le travail temporaire est en recul, même si nous restons encore loin de la moyenne.”

L’OCDE exhorte le gouvernement à réformer les services publics de l’emploi, à promouvoir les formations en entreprise, à revoir les cursus universitaires et à réduire la différence des coûts de licenciement entre les contrats temporaires et permanents, laquelle, selon l’organisation, incite actuellement les employeurs à recourir au travail temporaire.

Le secrétaire général à l’emploi est d’accord avec plusieurs des recommandations de l’OCDE mais, comme la responsable de l’UGT, il s’oppose à une plus grande convergence des coûts de licenciement : “Le travail temporaire est un problème parce qu’il génère de l’instabilité. On ne peut pas le résoudre en rendant plus instables les contrats à durée indéterminée, comme le préconise l’OCDE. Nous préférons renforcer, par le dialogue avec les partenaires sociaux, les mesures qui encouragent l’emploi stable sans le précariser.”


#169
Manuel

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