sábado, agosto 06, 2011

Les marchés ne veulent plus de Berlu

Ce que les Italiens n’ont pas pu, pas osé, pas voulu faire, les marchés vont l’obtenir: le départ de l’homme qui domine la politique italienne depuis 1994, et qui aura été, en trois fois, le plus long président du conseil depuis Mussolini.
Accusé de fraude, de corruption et de détournement de mineure, il espérait sauver sa place malgré la défaite cinglante subie aux régionales, au printemps.
Mais la fièvre des marchés financiers semble en train de le rattraper.

La spéculation est à son comble: les taux d'intérêt que paie l’Italie sur ses obligations d'Etat sont brutalement montés à 6% (385 points de base, ou 3,85%, de plus que les Allemands).
Or, la Banque d’Italie a calculé qu’un relèvement de 100 points de base coûtait en supplément de remboursement 0,2% de PIB à l’Italie la première année et 0,4% ou 0,5% la seconde.
Autrement dit, si un terme n’est pas mis à cette spéculation, la dette devient insupportable.

L’Italie compte parmi les pays de la zone euro les plus endettés: 120% du PIB, 1.900 milliards d’euros. Mais jusqu’ici, malgré la crise grecque, Rome avait été épargnée parce que les échéances à venir étaient facilement surmontables.
L’Italie avait un problème de long terme de remboursement mais pas de court terme.
Il en va différemment si les taux restent à 6%.

Vont-ils baisser? Silvio Berlusconi peut-il rassurer les marchés et éviter une vague de défiance à la grecque ou à l'irlandaise? Visiblement non.
Le Cavalliere a dû repousser, mercredi 3 août, un discours solennel qu'il devait prononcer devant les deux chambres du parlement.
Discours trop plat, pas assez marqué en faveur de l’austérité, dit la presse italienne qui raconte que son ministre des finances Guilio Tremonti n’aurait pas été associé à son écriture.
L’Italie souffre de sa dette mais surtout «d’un déficit de crédibilité», résume parfaitement Tito Boeri, professeur d’économie à l’université Bocconi.

Silvio Berlusconi a un bilan très négatif, ou plutôt nul.
Il n’a procédé à aucune réforme qui permette à l’Italie de combler son déficit de croissance.
L’Italie est le seul pays de la zone euro avec une baisse de PIB par tête depuis dix ans.
Manque de souplesse du marché du travail, perte de ses grandes marques, université archaïque, recherche défaillante… le président du conseil ne s’est attaqué à aucun de ces maux.
Après avoir expliqué pendant deux ans, que face à la crise grecque, l’Italie n’avait pas besoin d’en faire plus, son ministre des finances Guilio Tremonti a fait voter un plan d’austérité de 48 milliards d’euros il y a un mois.
L’objectif est d’atteindre un équilibre budgétaire à la fin 2014 (mieux que la France qui ne l’atteindrait qu’en 2015).
Mais Guilio Tremonti est tombé dans une sombre affaire de loyer non payé et son plan est vivement critiqué parce que les mesures promises n’arrivent qu’en 2013.

L'aurtre manque de crédibilité, sur le plan politique cette fois, explique la crainte des financiers.
La majorité de Silvio Berlusconi ne tient qu’à un fil.
Il entend rester néanmoins jusqu’à la fin de son mandat en 2013 et gérer une situation qui exige des mesures énergiques.
Difficile à croire.

C’est bien l’objet de la spéculation.
Les marchés découvrent que le personnel politique au pouvoir à Rome est de la pire espèce: faible et truqueur.
Ils veulent des réponses claires à leurs interrogations sur le plan de retour à l’équilibre budgétaire et la dette.
L’Italie a pris la place de l’Espagne parmi leurs cibles car, dans la tourmente européenne, Silvio Berlusconi est devenu une sorte de prototype de ce qu’ils détestent: le dirigeant politique absolument pas fiable.

Eric Le Boucher


Manuel
#776

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