jueves, junio 11, 2009

Islande - Un petit tour...

Madagascar, le Burkina Faso, le Myanmar ou encore le Vietnam…
Depuis 15 ans, Philippe Lefebvre parcourt le monde, l’appareil-photo à la main.
En 1994, il part en camping-car pour l’Islande.
Trois semaines au milieu de paysages «au-delà de l’ordinaire», plongé dans une nature fascinante de beauté et de violence.

« Malgré mes trois séjours en Islande, je reste envoûté par cette île.
Je n’y vais qu’en bateau : impensable de manquer l'arrivée au milieu des fjords. Surtout, je peux embarquer avec mon camping-car : c’est le seul moyen de voyager en complète liberté, de ne pas être coincé dans les villes islandaises, qui n’ont aucun charme. Certains touristes se rendent en Islande parce qu’ils ont un but précis : ce sont des pêcheurs acharnés, ils veulent à tout prix se baigner dans les sources d’eau chaude ou encore découvrir les volcans.
Pour ma part, je suis simplement fasciné par la nature islandaise : j’aime m’en imprégner, m’y promener, y méditer. Le volcanisme a donné lieu à des paysages extraordinaires, loin de tout ce que j’ai pu observer ailleurs : des plages de sable noir, des cratères encore fumants, des glaciers gris-bleus...
On ne peut qu’être impressionné par la variété, la beauté exceptionnelle, la force contenue de la nature islandaise.
Sur cette île, j’ai eu l’impression d’effleurer les mystères de la création.
Et je ne suis pourtant pas mystique… »


Arrivée à Seydisfjordür


Pas question d’arriver en Islande en avion : cette année, comme toujours, je choisis la voie des eaux.
Embarquement, avec le camping-car, au nord de l’Ecosse puis escale obligatoire dans les îles Feroé, où j’attends le bateau qui rejoint l’Islande. Pendant trois jours, je sillonne l’archipel, à la découverte de ses cascades, ses villages, ses falaises de basalte. Après une nuit à bord, arrivée dans le fjord de Seydisfjordür (extrême-est de l'île) en fin de matinée. Les toits en tôle colorée se détachent nettement sur les montagnes d’un vert uniforme.
La photo est jolie. En réalité, le village n’a aucun charme.
Surtout, j’ai hâte de le quitter pour me rendre sur des sites sauvages, à la beauté brute.


Sur la route


Début de l’aventure.
Après un bref arrêt à Egilsstadir et son supermarché, où je me suis ravitaillé pour les prochains jours, descente dans le sud de l’île par la route n°1. Je me suis décidé pour un trajet longeant les côtes dans le sens des aiguilles d'une montre. La voie asphaltée est bordée à droite par les montagnes, à gauche par la mer.
Pas d’itinéraire précis : je m’arrête au gré de mes envies.


Plages de sable noir


Premier stop : les plages de sable noir, sur la route de Höfn, au sud-est du pays. Le volcanisme de l’île est à l’origine de paysages singuliers, où des vagues à l’écume éclatante viennent s’écraser sur des rochers anthracites.


Une terre fertile


Au pied du Vatnajökull, cet immense glacier qui couvre le quart sud-est du pays, le sol est fertile.
Le glacier recouvre de nombreux volcans, dont la lave, au contact de l’air, s’est transformée en basalte. Longtemps après les éruptions, la végétation reprend ses droits et anime, par ses couleurs vives, les terres monotones.


La traversée de Jokulsarlon


Tour en bateau sur le plus grand lac glaciaire d'Islande, celui de Jokulsarlon.
Formée grâce au recul du Breiðamerkurjökull (glacier lui-même issu du Vatnajökull), cette lagune rejoint la mer par un estuaire très étroit.
Le site est superbe. Mon seul regret : il attire de nombreux touristes…


Le pont du Vatnajökull


Ce pont, comme beaucoup d’autres, a été détruit en 1996, par une « hlaup », coulée causée par une éruption sous-glaciaire dans la région du Vatnajökull. Le magma en fusion avait fait fondre instantanément la glace, créant une immense poche d'eau qui s’était déversée dans les rivières.
Résultat : des inondations dans les vallées, de nombreuses constructions arrachées, et dix kilomètres de la route circulaire anéantis.


Dédale de glace


Remontant le lac du sud au nord, le bateau évolue tout d’abord dans un labyrinthe de glace.
Suivent les eaux libres, une zone atteignant les 180 m de profondeur. A plusieurs reprises, on entend les blocs de glace se détacher. Le courant les entraîne jusqu’à la mer.


A la nuit tombée


Fin de journée sur le Jokulsarlon.
Avant de regagner la mer, les phoques approchent des rives.
On raconte qu’à la nuit tombée, ils viennent danser devant les touristes, attirés par leur radio : ils ont plutôt l’habitude d’y être bien nourris…


Chevaux au vent


Chaque soir, j’installe le camping-car de manière à disposer d’une vue quatre étoiles.
Aujourd’hui : une prairie loin de tout, les pentes glacées du Vatnajökull en arrière-plan. Ce matin, quelques chevaux y paîssent : ils sont nombreux dans l’île, à évoluer en semi-liberté.


Orgues de basalte


Près de Vík í Mýrdal, ce sont les orgues basaltiques de Reynisfjara.



Arrivée dans le parc national de Skaftaffel, à 120 km à l'ouest de Höfn.
Situé sur les contreforts du Vatnajökull, ce poumon vert domine les sandurs. J’y reste la journée. Incontournable : la balade pour Svartifoss (la « cascade noire »). Une chute d'eau de 20 mètres cernée d’orgues basaltiques d’une régularité mathématique.
L’ensemble repose dans une forêt de bouleaux.


Eglise du sud de l’Islande


Sur la route n°1, les églises se succèdent.
Je m’arrête de temps à autre, et photographie les plus emblématiques.
Toits rouges et façades immaculées, bâtiments de tourbe ou de basalte.


Barnafoss, la chute des enfants


Je m'écarte de la route n°1 pour rentrer dans les terres, direction Barnafoss, une chute située sur la Hvita, petite rivière au pied du glacier du Langjökull.
Le bruit est assourdissant. Puissante, presque violente, Barnafoss a creusé des trous dans la roche. L’eau est blanche d’écume. Son nom signifie « La cascade des enfants » parce que deux enfants s’y seraient noyés en voulant emprunter un pont naturel. Folle de chagrin, la mère l’aurait alors détruit. Depuis, il a été remplacé par une passerelle artificielle.


L’autre lagon bleu


Péninsule de Reykjanes, entre l'aéroport international de Keflavik et la capitale de l’Islande, Reykjavik à l'extrême sud-est de l'Islande.
Plutôt que de pousser jusqu’à la capitale, je m’arrête au lac artificiel du Blue Lagoon. L’eau, chauffée par un champ de lave à plus de 200°C, est tout d'abord utilisée par la centrale géothermique Svartsengi, avant d'être rejetée à une température de 30 à 40°C dans le lac. Elle permet également d'alimenter le chauffage de la ville. La baignade est inoubliable : une sorte de cure thermale en milieu à la fois volcanique et industriel !


A l’assaut de la presqu’île de Vestfirdir


Après avoir parcouru tout le sud de l'île d'est en ouest, je remonte au Nord de l'ïle, direction la péninsule de Vestfirdir (Fjords de l’Ouest). Une journée de route entre des flancs de montagne toujours verts et une eau d’un bleu vif, presque artificiel.


La tonte de moutons


Dans toutes les fermes d’Islande, la tonte des moutons a lieu au mois de juillet.
Des têtes d’enfants blonds comme les blés, « typiquement » islandais, émergent au milieu du troupeau. Certains n’ont pas plus de cinq ans.


Falaises dans le couchant



Extrême-est de l'Islande.. et de l'Europe.
J'arrive dans la péninsule de Vestfirdir par un isthme large de 7 km. Les falaises, dans la région, sont particulièrement impressionnantes : à l’extrême-ouest, Latrabjarg, 444 m de haut et 14 km de long, abrite l’une des plus grandes colonies d'oiseaux d’Europe.


Douce errance


Pendant deux jours, je sillonne la péninsule, en alternant trajets en camping-car, balades dans les fjords et sur des plages désertes. Un soir, alors que je me promène sur une plage de galets, je remarque des moules. J’en ramasse quelques-unes et les cuis sur un feu improvisé.


Un séchoir à poissons


Partout, d’immenses séchoirs à poissons.
Durs comme du bois, les morues, haddocks et autres poissons-loups se balancent dans le vent. Le poisson séché est l’un des aliments de base des Islandais. Il se conserve très bien : j’en ai rempli le camping-car.


Suivez le guide


Passage obligé au musée de la pêche d’Osvör, tout proche du village de pêcheurs de Bolungarvik. Un guide, habillé en peaux de phoque et de mouton, raconte la vie d’un pêcheur au début du siècle. Plus vrai que nature…


Goðafoss, la chute des dieux


Route n°1, entre Akureyri et le lac Myvatn, au nord-est du pays.
La « chute des dieux » compte parmi les plus belles d’Islande. La plupart des touristes s’amasse au même endroit pour la photographier.
En m’éloignant un peu, je parviens à l’observer en toute tranquillité.


La zone volcanique de Namajfall


A quelques encablures du lac Myvatn, la zone volcanique du Krafla.
On est accueilli par une forte odeur de soufre et des grands jets de vapeur. La lave se solidifie en une grande crème très sombre, charbonneuse, fascinante de puissance. La terre tremble encore.
Pourtant, la dernière éruption a eu lieu au milieu des années 1980.


Tout petit


Le sol est décomposé par les rejets de vapeurs sulfurées et par les dépôts des fumerolles.
La dernière fois que je suis venu sur ce site, il y a quelques années, j’ai arpenté ces espaces avec un guide qui nous a mené au plus près des cratères. Cette fois-ci, je me contente de les observer de loin, toujours fasciné.
Face à la force contenue de la nature, je me sens tout petit et presque en danger.


www.geo.fr

Manuel
#412

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