Plus que jamais en ces temps de crise de l’euro, la référence à nos partenaires d’outre-Rhin est d’actualité.
Pour les encenser ou les décrier, ils ne laissent pas indifférents: on parle de «convergence avec l’Allemagne», de FrançAllemagne, de modèle allemand, de bismarckisation de l'Europe, de germanophobie...
Mais nous les connaissons bien mal, ces cousins germains.
La preuve, on ne parle d’eux qu’à coup d’idées fausses, de préjugés, ou de blagues pas toujours bien fines.
La preuve, voici dix idées reçues sur nos voisins qui sont souvent parfois à côté de la plaque.
Ils ne boivent que de la bière
Les Allemands comptent parmi les plus grands buveurs de bière d'Europe, avec une moyenne de 102 litres consommés par habitant en 2010. C'est beaucoup face aux 30 petits litres consommés par les Français, mais outre-Rhin la bière fait partie du patrimoine, avec près de 1.300 brasseries. Mais les Allemands raffolent aussi du vin, à l'instar du blanc mousseux Sekt, le «champagne» national à moins de cinq euros la bouteille.
La consommation de bière est en baisse, alors que celle du vin se porte bien.
L'Allemagne est d'ailleurs le premier acheteur mondial de vin français.
Ils sont ultra-ponctuels
La ponctualité fait partie des valeurs les plus appréciées outre-Rhin, en particulier par les patrons, dont le tiers se déclarent prêts à licencier un employé s'il arrive deux ou trois fois en retard.
Mais les Allemands sont bien plus tolérants dans la sphère privée: plus de la moitié trouvent acceptable qu'un ami soit en retard d'un quart d'heure.
Les retardataires qui agacent le plus les Allemands sont les trains: un sur trois serait en retard, selon une étude récente contestée par la Deutsche Bahn, qui soutient que les retards ne concernent qu'un train sur dix. Bref, on se croirait à la SNCF…
Ils aiment l'ordre
Certainement le moins cliché des clichés.
Grande vertu prussienne, l'ordre («Ordnung») occupe une grande place dans la société mais aussi dans la langue allemande. «D'accord» se dit littéralement «en ordre» en allemand; «tout est pour le mieux» est un «tout est dans le meilleur ordre», «entendu!» vaut pour «c'est en ordre!»; et pour savoir si «tout va bien», on demande naturellement si «tout est en ordre».
Pour beaucoup d'Allemands, jeter un papier sur le trottoir ou traverser au feu rouge est une véritable incivilité. Les villes sont d'ailleurs quadrillées par des Ordnungsämter (services d'ordre) qui verbalisent ceux qui roulent en vélo hors de la piste où écrasent leur mégot par terre. Le cliché s'effondre pourtant quand on observe quelques minutes un carrefour à Berlin, tant les rues sont sales et les piétons indisciplinés.
Ils s'habillent en costumes traditionnels
Ce cliché-là tient de l'image d'Épinal: un couple d'Allemands rieurs posant sur un paysage verdoyant de Bavière. Monsieur porte fièrement la Lederhose (la «culotte de cuir» comme on l'appelle chez nous), avec bretelles brodées d'Edelweiss tendues sur son ventre replet, grandes chaussettes de laine et chapeau de chasseur montagnard.
Madame a un décolleté si vertigineux qu'on oublierait presque d'admirer ses nattes blondes: elle arbore la «dirndl», une robe avec corset lacé, blouse blanche et tablier paysan. Ces costumes n'ont pourtant rien de traditionnel. La dirdnl et ses imprimés colorés ne sont en vérité qu'un fantasme de bourgeoises qui jouaient aux paysannes pendant leurs vacances dans les Alpes à la fin du XIXe.
Si plusieurs personnalités politiques bavaroises s'affichent publiquement en bretelles ou en corsages, il n'en est rien dans le reste de l'Allemagne, où ces tenues sont perçues comme ringardes et conservatrices.
Ils sont tous naturistes
Un Allemand sur sept se rend aujourd'hui régulièrement sur une plage estampilée FFK («Frei Körper Kultur», la culture du corps libre). Un chiffre énorme par rapport aux 500.000 français qui osent tomber le maillot.
Ce mouvement né à la fin du XIXe siècle est devenu un phénomène de masse en Allemagne dans les années 1970, en particulier en ex-RDA.
Boudé par les jeunes, le naturisme est aujourd'hui en perte de vitesse, la majorité des membres de la FFK ayant désormais la cinquantaine.
Même la direction de l'Englischer Garten, à Munich, étape-phare des touristes amateurs de fessiers germaniques, se plaint depuis quelques années de voir partir les naturistes qui s'étalent par milliers sur les pelouses du parc.
Les Allemandes ne sont pas sexy
Elles ne se rasent pas, ne se maquillent pas, ne portent pas de soutien-gorge, s'habillent mal et se promènent en Birkenstock.
Voilà pour le charmant portrait hérité des années 1970, quand les féministes allemandes crachaient sur la coquetterie. La décennie suivante, l'ingénue Nena enfonçait le clou en dévoilant ses aisselles fournies sur scène.
La jeune Allemande d'aujourd'hui, comme la Française ou l'Espagnole, est épilée de près, s'habille chez H&M et sort rarement sans maquillage. A la différence qu'elle n'a pas envie de souffrir pour être belle. Un seul mot d'ordre: le confort. Au placard donc, les talons.
Plus arty que sexy, la Berlinoise branchée aime le vintage, les grosses lunettes et les mini-shorts de chez American Apparel.
Les Allemands ne savent pas draguer les filles
Pour celles qui en ont assez de se faire siffler ou aborder à chaque coin de rue, l'Allemagne est un vrai paradis, où l'on peut se balader à toute heure du jour et de la nuit dans une paix royale.
Le revers de la médaille, c'est que si l'on tombe amoureuse d'un Allemand, il faudra bien souvent être patiente. Comme nombreuses études, livres, articles de presse et même chanson le démontrent, les timides mâles allemands souffrent d'une grande peur du râteau.
La faute dit-on aux féministes, la virulente Alice Schwartzer en tête.
Mais comme dit le proverbe: «Stille Wasser sind tief» («les eaux calmes sont profondes»).
A mille lieux du Français superficiel aux formules toutes faites, maintes fois éprouvées et souvent ridicules, l'Allemand, quand il s'aventure à faire un compliment, vous a ouvert son cœur.
Ils sont radins
«Moins cher!», «La meilleure qualité au meilleur prix», «Plus radin, plus malin!»: tous ces slogans incitant à crisper les doigts sur son porte-monnaie viennent d'Allemagne, berceau européen du hard-discount.
Les Allemands économisent sur la nourriture, mais s'avèrent dépensiers quand il s'agit de s'équiper en produits informatiques ou de s'habiller. De nombreux Allemands ont par ailleurs la choquante habitude de payer séparément après un resto romantique, sans que cela provoque un malaise chez leur partenaire.
Au contraire, elles se trouvent chanceuses de ne pas être avec un macho. Voir ci-dessus.
Ils ne mangent que des saucisses
Il y a la «Wiener Würstchen», que l'on fait bouillir comme la saucisse de Strasbourg, la «Bratwurst», que l'on déguste grillée avec un «Brötchen» (petit pain), ou encore la berlinoise «Currywurst», servie sous un déluge de ketchup et de curry en poudre.
Un régal pour seulement neuf Allemands sur dix.
9% d'entre eux sont en effet végétariens, un des plus hauts taux d'Europe, contre seulement 2% de Français.
Ils sont nazis
La découverte de l'existence de la «cellule de Zwickau», un groupuscule terroriste néonazi basé dans l'Est de l'Allemagne, à qui est imputé neufs meurtres racistes, a défrayé la chronique ces dernières semaines et plongé l'Allemagne dans l'effroi.
Le cinéma n'a pas attendu la nouvelle pour rappeler éternellement les Allemands à leur passé.
Que ce soit dans Indiana Jones, Un pont trop loin ou plus récemment dans Inglorious Basterds, les acteurs de cinéma allemands semblent englués à jamais dans le sale rôle du nazi ou de l'ex-nazi faussement repenti.
Dans la vraie vie, 66 ans après la fin de la Seconde Guerre, le nombre de néonazis est estimé à plus de de 20.000 personnes dans le pays, qui compte 80 millions d'habitants. Le parti d'extrême-droite NPD — qui a la même devise que le gouvernement de Vichy, «travail, famille, patrie», est en recul: il comptait 6.800 adhérents en 2009, soit 400 de moins qu'en 2007.
Annabelle Georgen
Manuel
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