jueves, mayo 21, 2009

Spleen européen

Début juin, les citoyens des 27 Etats membres de l'Union désigneront leurs 736 représentants au Parlement européen. L'enjeu de ce scrutin devrait être évident.
Non seulement cette Assemblée est, au monde, le seul Parlement supranational élu au suffrage universel direct ; cela pourrait lui valoir, sinon la fierté, du moins l'intérêt des électeurs.

En outre, ce Parlement est doté de pouvoirs réels et en extension constante.
Si son statut de législateur est partagé avec le conseil des ministres (donc les gouvernements), il a un rôle déterminant sur la plupart des questions concrètes, de l'emploi aux politiques sociales, des transports à la formation, de la santé à la protection des consommateurs, sans oublier l'environnement.

Pourtant, à une grosse quinzaine de jours du scrutin, la non-campagne européenne bat son plein!
Tout y contribue, en France et ailleurs : un scrutin rendu baroque par son organisation dans sept grandes circonscriptions régionales mal perçues ; des candidats peu ou mal connus, issus de tractations opaques plus soucieuses de recycler des personnalités sur le retour que de distinguer les futurs acteurs de l'Europe ; des débats égocentrés, qui se solderont le 7 juin par vingt-sept sondages grandeur nature sur la popularité ou le discrédit des gouvernements en place.

Et l'on ne saurait oublier le déni de démocratie qu'a toute chance de constituer, avant l'été, la désignation du président de la Commission européenne.
S'il n'est pas encore ratifié, le traité de Lisbonne prévoit qu'il sera à l'avenir élu par le Parlement. Rien n'aurait empêché d'en appliquer dès à présent l'esprit et d'attendre l'élection de la nouvelle Assemblée pour engager cette procédure. Or les gouvernements et le Parlement sortant font tout pour verrouiller par avance la cooptation "à l'ancienne" du président de la Commission.
Pour le plus grand bonheur annoncé du sortant, José Manuel Barroso.

Difficile, dans ces conditions, de battre en brèche le désenchantement croissant des Européens à l'égard de l'Union, qui devrait se traduire, si l'on en croit les augures, par des taux d'abstention massifs.
La mission et le rôle de l'Europe, sa place dans le monde, la voix originale qu'elle pourrait exprimer face aux Etats-Unis, à la Chine ou à la Russie, sa capacité à inventer des réponses spécifiques et collectives à la crise actuelle : de tout cela, il n'est pas question ou si peu.
Sauf improbable sursaut, le scrutin à venir risque fort de ressembler à une occasion manquée.
Hélas !

***

L'UE est un OVNI de l'histoire humaine.
C'est sans doute la première fois qu'un ensemble de peuples, qu'on aurait qualifié d'Empire il y a encore 100 ans, se refuse à s'élargir. C'est la première fois qu'aucune conquête guerrière n'est à l'origine de la constitution de cet ensemble. Qu'aucun leader ne le dirige de facto.
Le désir d'Europe s'épanouira dans un cadre démocratique enfin assumé:
Un président et un exécutif élus, un Parlement représentatif, une Constitution courte et claire!


Manuel
#398

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