sábado, enero 31, 2009

Palestina

Où s'arrêtera l'offensive israélienne?

Certains dénoncent le fait de reconnaître au Hamas un rôle à Gaza. Mais c'e
st simplement se plier aux réalités politiques. Les habitants de Gaza et du Sud israélien ne connaîtront pas de calme véritable tant que le monde refusera de traiter avec le mouvement islamiste et tant que le mouvement islamiste ignorera ses obligations internationales. En échange de l'arrêt des attaques provenant de Gaza et d'un régime sécuritaire renforcé, la communauté internationale devra reconnaître au Hamas le droit d'y exercer son pouvoir, en son sein comme à ses frontières.


L'histoire de ces deux dernières années à Gaza
est celle d'une banqueroute collective et sans équivoque : du Hamas, qui a raté l'occasion d'agir en tant qu'acteur politique responsable; d'Israël, qui s'en est tenu à une politique chimérique visant à isoler et affaiblir le mouvement islamiste et qui aura produit précisément le contraire; de la direction de l'Autorité palestinienne, qui a refusé d'accepter le triomphe électoral de son rival, a tenté de l'effacer pour finalement agir comme représentant d'une faction du peuple contre une autre; et enfin de la communauté internationale, qui a exigé que le Hamas se transforme en parti politique sans l'y inciter et qui n'a que tardivement découvert les vertus de l'unité palestinienne, après des années passées à la contrecarrer.

Dialoguer prudemment avec le Hamas, lui reconnaître un rôle à Gaza et aux points de passage : cela constituera peut-être une victoire pour le mouvement islamiste, quelles que soient les destructions et pertes encourues. Mais c'est la conséquence d'un embargo irréfléchi qui n'aurait jamais dû être. Et puis, si cela devait aider à en terminer avec les tirs de roquettes et permettre aux Israéliens de vivre plus normalement, cela constituerait également une importante victoire pour Israël - et, plus encore, pour les civils des deux côtés qui sont seuls à payer la facture.


Robert Malley
, directeur du programme Moyen-Orient de l'International Crisis Group, ancien conseiller du président Clinton pour les affaires israélo-arabes.




Il faudra toujours parler avec le Hamas, par esther Benbassa

La tragédie qui se déroule ces jours-ci à Gaza et les tirs de roquettes incessants vers le sud d'Israël montrent une fois de plus que sous-estimer son ennemi n'aide pas à résoudre les conflits.
Ni l'Europe ni les Etats-Unis, et encore moins Israël, n'ont voulu voir dans le Hamas une force élue démocratiquement, quelles que soient par ailleurs sa nature et ses capacités élevées de nuisance.

Si le cessez-le-feu est urgent pour éviter que l'intrusion terrestre ne se révèle longue et désastreuse pour Israël et pour arrêter les massacres à Gaza, il faudra bien, à terme, passer par la reconnaissance du Hamas comme interlocuteur légitime. Penser qu'il n'y a que l'Autorité palestinienne avec qui il est admissible de discuter n'est nullement réaliste, après qu'on a humilié si longtemps son chef, Mahmoud Abbas, et un Fatah affaibli électoralement.

Pourquoi exiger des Palestiniens qu'ils élisent démocratiquement leurs représentants puis refuser de traiter avec ces représentants élus au prétexte que ce n'est pas ceux-là qu'on attendait ? Le désarroi dans lequel se trouvent les pays arabes eux-mêmes face à la question palestinienne ne fait pas d'eux des partenaires fiables. Reste que le simple souci de la sécurité de sa population devrait pousser les dirigeants d'Israël à dépasser les calculs à court terme.


C'est à la communauté internationale de donner l'exemple d'une reconnaissance qui ne reviendrait nullement à légitimer l'idéologie du Hamas, mais simplement à le prendre pour ce qu'il est : un acteur qui pèse sur l'avenir de la région et auquel s'identifie une partie de la nation palestinienne.

Aucune des stratégies mises en oeuvre jusqu'ici n'a abouti. Une seule n'a jamais été tentée : celle-là, justement.
On ne peut pas attendre que ses ennemis soient devenus des gens
recommandables pour les intégrer au jeu diplomatique. En revanche, les y intégrer peut les amener à évoluer comme l'a fait le Fatah, il n'y a pas si longtemps.


Manuel
#335

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