domingo, marzo 20, 2011

Berlin face à ses responsabilités internationales

L'Allemagne souhaite obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies.
Soutenue par la France, cette demande est légitime : la première puissance économique européenne ne peut pas rester le nain politique qu'elle fut pendant près d'un demi-siècle, de la chute du nazisme à celle du mur de Berlin.
Encore faut-il être à la hauteur des responsabilités auxquelles on aspire.

L'Allemagne d'Angela Merkel n'en a pas fait la démonstration, le 17 mars, en refusant d'approuver la résolution de l'ONU permettant l'usage de la force contre le régime du colonel Kadhafi. Mme Merkel a ensuite accentué le malaise en saluant les "nouvelles encourageantes" venues de Libye, après que Tripoli eut annoncé un cessez-le feu.
Comme si, sans se salir les mains, Berlin voulait bien récolter les premiers fruits de la détermination de ses alliés, français, britanniques et américains.

Certes, la chancelière allemande traverse de sérieuses turbulences politiques et doit affronter de délicates élections locales. En outre, contrairement au président français, elle ne peut engager son pays dans une opération militaire sans l'aval du Parlement.

Au-delà de ces explications conjoncturelles, la prudence allemande relève d'un triple traumatisme.
La catastrophe nucléaire au Japon ravive la phobie de l'atome outre-Rhin, dans un pays marqué par les combats des écologistes et convaincu, depuis les catastrophes du XXe siècle, que la science n'est pas forcément synonyme de progrès.

Le pacifisme allemand constitue également un puissant frein à tout engagement extérieur.
Il a fallu le massacre de Srebrenica pour que le débat moral sur l'intervention hors de l'Allemagne soit posé, la guerre au Kosovo en 1999 pour que les Allemands fassent de nouveau la guerre hors de leurs frontières, et les attentats du 11 septembre 2001 pour que plusieurs milliers de soldats allemands soient envoyés en Afghanistan, dans le cadre de la coalition internationale. Dès 2003 cependant, le conflit en Irak a montré que Berlin entend le moins possible faire la guerre et y consacrer les efforts nécessaires.

Enfin, les crises de l'euro ont conduit l'Allemagne à faire ce qu'on lui avait juré qu'elle n'aurait jamais à faire : voler au secours des pays européens, mettre en danger la stabilité de sa monnaie, dans un pays qui a connu la ruine financière en 1923 et en 1945, avant de subir le choc de la réunification dans les années 1990.

Il reste que le non-engagement allemand dans l'affaire libyenne est révélateur d'une hésitation qui peut être perçue par les partenaires de la République fédérale comme un manque de solidarité, voire de maturité.
L'économie allemande est florissante, sa population est moins frappée que les autres par le chômage, ses entreprises sont à l'offensive sur toute la planète.
Mais il ne peut y avoir, d'un côté, la "mondialisation heureuse" pour Deutschland AG et ses salariés, et de l'autre une "mondialisation dangereuse" gérée par ses alliés et dont Berlin ne s'estimerait pas comptable.


Manuel
#713

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