sábado, julio 03, 2010

Le foot est plus beau en español

Petit lexique abrégé et arbitraire des termes indispensables à connaitre
pour mieux apprécier les quarts de finale les plus hispanophones de l’histoire.






N’en déplaise aux portugais ou aux anglais,
c’est l’espagnol qui est la langue officielle de cette Coupe du Monde 2010.
Sur les 8 équipes présentes en quart de finale,
la moitié (l’Espagne, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay) parlent cette même langue.
Or, comme disait le philosophe Ludwig Wittgenstein,
«les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde».
Il est donc temps d’aller faire un tour dans le langage footballistique
de ce monde qui a le vent en poupe en Afrique du Sud.

Cantar un gol

En espagnol, les buts ne se commentent pas, ne se retransmettent pas, ne s’expliquent pas, mais «se cantan» (se chantent).
«Cantar un gol» englobe le fait de le crier, de le célébrer, de l’annoncer.
Quelqu’un qui n’a jamais entendu un présentateur hispanophone chanter un but a manqué un des plaisirs du football. Et si c’est un Boca-River en Libertadores ou une finale du Real Madrid en Ligue des Champions c’est encore mieux. Qui pourra surpasser la fameuse narration du but de Maradona contre les anglais faite par Victor Hugo Morales?
Impossible d’avoir un «Diegoool» ni même «un golazo» (un grand but…) avec «but» ou «tor». En somme, on ne peut pas vibrer avec le foot.

Toque

Littéralement cela veut dire toucher. Toucher la balle.
La toucher qu’une seule fois («al primer toque») ou jouer un football de passes («de toque»).
Le Barça l’a remis au goût du jour, en reprenant le flambeau du football total néerlandais des années 70, et l’Espagne en est devenue le meilleur représentant ces dernières années. Jusqu’à maintenant, dans ce Mondial, Xavi a fait 368 passes (80% de réussite), Xabi Alonso 327 (83%) et Busquets 316 (89%).
On a rebaptisé ça le tiki-taka. Ou l’art de ne jamais perdre la balle.
Ça tombe bien parce que le Paraguay ne la veut pas.

Gambeta

C’est quand même beaucoup plus beau que dribble (pourquoi garde-t-on ce mot anglais et pas goal?) ou même regate (le mot utilisé en Espagne).
C’est ainsi que l’on appelle, de manière générique, en Amérique du Sud, tous les genres de dribbles. Parmi les plus beau on a La Elástica, la Bicicleta (et non l’hideux «passement de jambes»!), el Sombrero (intelligemment recyclé en français) et la sublime Cola de Vaca. Sans oublier la Pared (le Mur, toujours plus beau qu’un «une-deux») ou el Caño (le petit pont).
C’est beau le foot quand c’est en espagnol.

Arrepentirse (regretter)

Ce que ne doit jamais faire une vraie afición (supporter).
On ne regrette pas de supporter l’Espagne, l’Argentine ou l’Uruguay. Quoi qu’il arrive.
Comme l’explique Ken Loach, dans Looking for Eric, «tu peux changer de femme, de religion ou de parti politique, mais tu ne peux pas changer de club de foot».
En France, on ne regrette rien en amour.
En Argentine, il y a des choses encore plus importantes.

Potrero

N’importe quel espace de terre désert et abandonné utilisé pour jouer au foot et où naissent les grandes stars de demain. Le terme est argentin, donc cela marche très bien pour Maradona ou Messi.
«Where’s the pitch?», demande Drogba dans une pub Pepsi qui met en scène cette idée romantique de jeunes qui jouent au foot où que ce soit.
Mais Coca-Cola l’avait déjà fait en Argentine où le potrero devenait l’endroit idéal pour recréer l’un des plus beaux buts des Mondiaux.

Tangana (altercation)

Ou marrulleros (fourbe et bagarreur).
C’est un mot qu’il va falloir vite apprendre car beaucoup pensent qu’il s’applique bien aux argentins.
C’est en gros ce qu’ont dit gentiment Bastian Schweinsteiger et Phillipp Lahm en traitant les joueurs sud-américains d’irrespectueux, provocateurs et impulsifs. Et, vu ce qui c’était passé la dernière fois que les deux équipes se sont rencontrées en Coupe du monde, ça risque d’être chaud. Heureusement Riquelme et Frings ne sont pas là.
Par contre il y toujours Heinze, Mascherano et Samuel pour mettre l’ambiance.

Celebración

Qui a dit qu’il n’y a que les brésiliens qui savent faire la fête quand ils gagnent?
Un petit tour par la Bombonera (le stade mythique de Boca Junior) suffit à se faire une idée de ce que serait une victoire argentine.
Et on n’ose pas imaginer la fête à Madrid si la Roja gagne enfin son premier Mondial.
Pepe Reina était devenu presque fou après la victoire à l’Euro.
On saura alors ce que «celebrar» un Mondial veut vraiment dire.
De plus, mesdames, qui préférez-vous voir en petite tenue: Torres et Casillas ou Tévez et Messi?
C’est vite vu.

Desnudarse

Se déshabiller ou se mettre tout nu.
Et qu’est ce que cela a à voir avec le foot?
Du côté des hispanophones, la mode semble être aux promesses de nudité. Et il faudra leur rappeler tout cela.
D’un côté, Maradona qui a promis de courir nu dans les rues de Buenos Aires si l’Argentine gagnait le Mondial. Et de l’autre (ouf), Larissa Riquelme, la supporter la plus connue du Paraguay, qui a promis à peu près la même chose en cas de victoire de son équipe.
On a douté mais, après consultation à la rédaction de Slate, on a préféré mettre une vidéo de la seconde.
D’un autre côté, elle a presque déjà tenu sa promesse donc on peut tranquillement souhaiter une victoire espagnole.

«Que la chupen»

Littéralement «Sucez-la moi».
On se souvient de la phrase très classe de Diego Armando Maradona après que l’albiceleste se soit qualifiée in extremis pour le Mondial.
Nicolas Anelka, toujours prompt à imiter les plus grands, a d’ailleurs du y puiser son inspiration pour sa fameuse une de l’Equipe.
S’il était capable de dire de si joli choses aux journalistes qui ne l’avaient pas soutenu pendant les qualifications, imaginez ce qu’on pourra entendre si l’Argentine gagne le Mondial.
Il faudra alors vraiment se mettre à l’espagnol.


Manuel
#613

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